Être musicienne, même en silence
Il y a eu un moment, dans ma vie, où j’ai cessé de jouer du violon. Les doigts ne s’abîment plus sur les cordes, l’archet n’est plus préparé à faire émerger les sons mélodieux. Et pourtant, quelque chose reste. Une vibration discrète, tapie dans l’ombre, dans la manière de marcher, dans la posture du corps quand il écoute le monde.
Florence © Coryse Mwape, Avril 2025
Être musicienne, ce n’est pas seulement produire des sons. C’est une manière d’habiter le silence. Une manière d’entrer dans l’espace, avec une qualité de présence qui continue à vibrer bien après que la dernière note se soit tue.
Je ne joue plus du violon depuis plusieurs années. Mais je suis encore musicienne. Je le sens dans mes gestes, dans ma manière d’écouter et d’être au monde, dans ma respiration, quand je m’accorde à un rythme plus profond que celui du monde extérieur. Je le sens aussi dans la pratique du Reiki, quand je pose une intention comme on accorde une corde : délicatement, à l’écoute, avec respect.
Toutes ces pratiques se répondent en moi comme des voix dans un chœur intérieur. Le Taiji m’apprend la lenteur pleine, l’équilibre vivant. Le Reiki m’ouvre à l’invisible, à l’écoute de ce qui circule au-delà du tangible. Et la musique… la musique est partout. Dans le silence entre deux gestes. Dans la vibration d’un instant suspendu.
Je crois qu’on ne cesse jamais d’être musicienne. Même sans l’instrument. Parce que la musique est devenue une manière d’être. Une manière de tendre l’oreille à une musique subtile.
Et peut-être qu’un jour, je reprendrai le violon. Non pour retrouver ce que j’étais, mais pour rencontrer ce que je suis devenue.
Coryse Mwape